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iaboc - Page 3

  • lectures : Mesdames, souriez et Mangez-moi

    Mesdames, souriez, de Jessica L.Nelson

    Premier roman de Melle Nelson, « Mesdames, souriez » est le récit d’une jeune étudiante, vivant à Paris avec une vieille femme, collaboratrice de son oncle, un richissime homme qui lui a légué un appartement, dans lequel vit malheureusement la nonagénaire. Marie-Louise, l’héroïne ne pourra en faire l’entière acquisition qu’à la mort de sa locataire. En attendant, c’est à un huis-clos infernal auquel se livrent les deux femmes. Un conflit générationnel où chacun a ses habitudes que l’autre vient perturber.

    Car que trouver en commun entre une jeune dépressive, photographiant toutes les surprises du quotidien, et une personne âgée, faible, lunatique ? Conflits, non-dits, pensées meurtrières égayent le quotidien du duo de choc : qui partira avant l’autre, en pleine canicule ? Roman intéressant car d’actualité, le conflit générationnel est bien traité, avec une touche d’humour. Cependant, dommage que les personnages ne soient pas plus creusés. Quelques imperfections à détecter ça et là, mais de bons moments de lecture .

    Mesdames, Souriez Jessica L.Nelson Editions Fayard 16€ 207pages

     

    Mangez-moi de Marina Damestoy

    Marina Damestoy est une jeune femme de trente-trois ans au moment où elle écrit la préface de Mangez-moi ; elle en a quasiment dix de moins dans les cahiers qui suivent. Et qu’écrit-elle alors ? Que décrit-elle ? Son quotidien, la débrouille, la descente dans l’ascenseur social – comme on dit maintenant – depuis la rue, là où elle est devenue SDF. Si Marina Damestoy revendique d’être une voix parmi tant d’autres de sa génération, elle est aussi celle qui surgit de la foule ; anonyme et singulière à la fois.

    On ne lira pas seulement Mangez-moi comme le récit d’une survie à travers les errances de Marina Damestoy ; ces textes montrent aussi comment cette jeune femme d’aujourd’hui, sur-diplômée, ultrasensible et créative, ne parvient pas à rejoindre le monde du travail ou celui des arts et comment elle refuse aussi parfois celui des humains. Se mêlent ici réflexions sur le théâtre, les festivals, les rave-parties mais aussi sur l’amour, la sexualité, l’altérité, l’autre sexe, la disparition, le voyage, la drogue ou encore sur la génération précaire, la violence des échanges en milieu tempéré et la difficulté pour un artiste d’aujourd’hui de rejoindre une communauté.

     

     

  • Peut-on prédire un divorce grâce au thème astral ?

    Sept ans après, ils se séparent… La fameuse crise des 7 ans, redoutable pour les couples, se traduit dans les thèmes d’Arthur et Estelle par le gong de Saturne (chacune des phases de cette planète marque une étape décisive dans l’existence). Mais qu’en est-il des autres couples ? Devons-nous tous craindre la fameuse crise des 7 ans ? Sommes-nous tous condamnés à passer par cette étape saturnienne (puisque 7 ans, c’est le cycle de Saturne) ? Y a-t-il des planètes ou des transits planétaires qui annoncent un divorce, des configurations planétaires comme le pense Alexander Ruperti ? Peut-on parler de thème à divorce et de thème à mariage durable ? Est-ce écrit ? Liberté ou fatalité ?
     
    Poser cette question, c’est en revenir à la sempiternelle question : « Notre avenir vous appartient-il vraiment ? Qu’indiquent les astres ? Uniquement le « climat » et les potentialités du moment, ou, au contraire des incontournables auxquels nous ne pouvons échapper ? ». En ce moment je lis le dernier Musso, et une phrase a retenu mon attention : « On rencontre sa destinée, souvent par les chemins qu’on prend pour l’éviter ». Et si c’était vrai ? Si effectivement tout était écrit ? Après tout, qu’en savons-nous vraiment ? Sommes-nous maîtres de nos vies et de nos choix ? Ce que nous choisissons de faire, le décidons-nous vraiment ou sommes-nous poussés par une sorte de force immuable ? Celle des planètes ? Nos gênes ? Notre généalogie ? Notre famille ? Notre culture ? Notre inconscient ? Il me semble que tout participe à ce que nous sommes et que ce qu’indiquent les astres ne sont que le reflet de ce que nous pourrions être, faire ou devenir… Bref, je crois profondément et sincèrement que TOUT n’est pas écrit, que malgré de nombreux conditionnements, astrologiques et/ou autres, nous conservons une part, même infime, de libre arbitre.


    le divorce dans le thème astral

    Ainsi, pour en revenir à la question du divorce ou de la séparation, sachez qu’il n’y a rien d’inéluctable. Certes, il y a des thèmes où le mot divorce semble écrit en lettres grasses, ou des synastries (comparaison de thèmes) qui ne sont guère encourageantes. Mais au fond, ce que l’astrologue peut déceler dans la comparaison de deux thèmes, c’est le potentiel de compatibilité d’une relation et non son réel devenir, car celui-ci se construit au jour le jour et dépend essentiellement du facteur humain ! En bref, ne voyons pas un thème avec fatalisme : l’astrologie n’indique pas des événements concrets. Les transits astrologiques ne font que nous révéler des types d’expérience. Lorsque nous en prenons conscience, nous comprenons mieux la signification de ce qui nous arrive et nous pouvons en tirer le maximum.
     

    le thème  astrologique d’Estelle et Arthur


    Pour en revenir aux thèmes d’Estelle et Arthur, cette année, Saturne s’oppose à Uranus, or dans les thèmes d’Arthur et Estelle, cet aspect de fortes tensions – qui exprime une dualité entre une tendance sage, conformiste et un besoin de s’exprimer individuellement – existait au moment de leurs naissances. La réactualisation de cet aspect ne pouvait que provoquer une véritable crise d’identité et de maturité, les poussant à évoluer indépendamment en visant l’essentiel. Pour autant étaient-ils obligés d’en passer par une séparation ? Si un couple présentant ce type d’aspect était venu me voir en me posant la question, je l’aurais certes mis en garde, mais je me serais bien gardée d’annoncer un divorce avec force et conviction. Ils se sont unis grâce à Saturne (facteur de construction) qui les a poussés à fonder un nid mais aujourd’hui c’est leur côté uranien (facteur de prise d’indépendance, d’affirmation de soi) qui ressort. Surtout chez Estelle. Ils ont pris le risque de changer de carrière, en cassant une image lisse pour devenir plus authentiques, plus en phase avec eux-mêmes… Dur prix à payer pour leur couple. Mais au vu des liens puissants qui les unissent, je ne serais pas étonnée que leur couple se reforme, une fois la crise Uranus – Saturne passée. Qu’en penser ? Le divorce faisait partie du domaine des possibles tout comme des retrouvailles amoureuses le sont… En astrologie, on ne peut rien affirmer, on ne prétend qu’à faire des prévisions et non des prédictions. L’astrologue, comme tout autre, ne possède pas toutes les réponses et son fondement ne repose pas sur cette nécessité. Jouer un rôle de guide sans fatalisme, n’est déjà pas si mal !

     

  • Chronique de L’exil d’Alexandra, d'Anca Visdei

    "Toujours ensemble", la devise des deux sœurs Popesco, est aussi le titre d’une pièce qui, depuis quelques années, est jouée dans plusieurs pays, parfois sous le titre de Puck en Roumanie. Le succès d’Anca Visdei, longuement mûri et largement justifié, est d’abord celui de son abondante œuvre théâtrale.

     

    On ne s’étonnera donc pas de voir dans L’exil d’Alexandra, roman épistolaire, une sorte de mise en récit d’un dialogue aux accents dramaturgiques entre Alexandra et Ioana : la première a fui la dictature, la seconde, restée avec leur mère et leur grand-mère, tente tant bien que mal de se débrouiller dans le vide étouffant du règne de Ceausescu. Leur échange de lettres, sur une période de plus de 15 ans (avec une longue interruption) dit la tendresse, les anecdotes, les difficultés, les rancoeurs, les jalousies, l’amour de deux êtres qui voudraient ne rien se cacher, mais qui ne peuvent s’exprimer qu’à mots voilés : « Tante Prudence », l’odieuse et imbécile censure, veille, mais aussi, parfois, s’interposent les pudeurs et les remords… Cet échange dit aussi les métamorphoses de soi, ou plutôt du monde (« Je ne change pas. C’est la vie autour de moi qui change. Si on ne se durcit pas, on ne survit pas. Et c’est notre âge qui a changé »), la liberté retrouvée (« Dans mes rêves les plus fous, je n’espérais pas vivre ça »), mais la liberté trahie par une apparence de révolution, les faux-semblants politiques et les déceptions culturelles.

    Le roman baigne entièrement dans le théâtre (et vice-versa). Alexandra et Ioana ont toutes deux, sous des aspects distincts et complémentaires (l’écriture, la scène), la même vocation, et c’est ce qui renforce leur complicité (leur rivalité parfois). Shakespeare et Puck, le lutin du Songe d’une nuit d’été, sont des points d’ancrage récurrents ; et assez naturellement, Alexandra se met à « tricoter une pièce à deux personnages, une pièce épistolaire dont tu devines les protagonistes » ; les lettres, la pièce, le roman (sans compter les éléments autobiographiques) : tout s’imbrique, dans une sorte de mise en abyme de l’expérience littéraire.

    Autre fil conducteur, noué au précédent : la langue française, dont Alexandra fait peu à peu l’apprentissage, jusqu’à l’utiliser comme langue d’écriture littéraire, et comme langue maternelle de son fils.  Il y a toutefois la volonté indéfectible de surmonter les obstacles, jusqu’au constat d’une maîtrise parfaite : au bout du compte, Ioana constate que les colères de sa sœur n’éclatent plus en roumain, mais bel et bien en français !

    Au-delà du théâtre, de la langue, de l’écriture, c’est évidemment l’exil qui est au coeur de tout, le titre y insiste ; l’exil politique, géographique, linguistique, familial, sentimental… Mais le choix du genre, la subtilité et la limpidité de l’écriture, la profondeur et la complexité des personnages, l’imbrication de la narration dans l’histoire roumaine et européenne font de cet exil une richesse non seulement du point de vue littéraire, mais tout simplement du point de vue humain.

     

    L’exil d’Alexandra,d'Anca Visdei, Éditions Xénia 2016