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iaboc - Page 2

  • Les vierges et autres nouvelles - Irène Nemirovsky

    rène Némirovsky, remarquable romancière de l’entre-deux-guerres, trop tôt disparue à Auschwitz en 1942, nous offre un vrai régal de lecture avec ce recueil de douze nouvelles. Dans un style alerte, avec une lucidité teintée d’ironie et d’humour, ces textes frappent par la justesse du ton, des dialogues... c’est tellement juste, tellement vrai ! Irène Némirovsky sonde l’âme humaine, la met à nu. Les sentiments qu’elle décrit sont universels. La chute de chaque nouvelle nous laisse pantois. Pour Irène Némirovsky, il est vain d’esquiver nos faiblesses, mieux vaut les regarder en face.
    Premières phrases d’une nouvelle : « Le temps nous durcit ; il nous fige dans une attitude qui tout d’abord a pu être le simple effet d’un hasard et non d’un choix ou de quelque impérieuse nécessité intérieure.


    Lorsque mes fils me laissent seule : « Oh, maman ne s’ennuie jamais », assurent-ils. « Maman ? Donnez-lui son tricot, le coin de son feu et les comptes de la bonne, elle est parfaitement heureuse... »
    Une lecture très riche.

  • avis sur : Le Fait du prince d'Amélie Nothomb

    Le Fait du prince d'Amélie Nothomb.JPGLa renommée n’est pas toujours un gage de qualité. Et, si Amélie Nothomb est devenue une aubaine sur le marché de l’édition, assurant ainsi la pérennité des affaires de son éditeur, il en est tout autrement d’un éventuel acquiescement de la littérature. Carrière en dents de scie, dirait-on. Après les magnifiques ‘Stupeur et tremblements’ ou ‘Métaphysique des tubes’, malheureusement, l’écrivain est également capable d’écrire ‘Acide sulfurique’, Robert des noms propres’ et aujourd’hui ‘Le Fait du prince’. Un constat : le Japon lui va mieux que la Suède. Peut-être aussi que sa production quasi-industrielle de romans y est pour quelque chose. Délaisser la plume pour le burin, ça n’est pas une mince affaire. Une atmosphère kafkaïenne, de l’originalité, une réflexion sur l’identité, paraît-il… et puis quoi encore. En réalité, l’histoire n’est pas subtilement absurde mais invraisemblable. Le style, contextualisé ou non, n’est pas original mais faussement ingénu ou maladroitement suffisant : "C’est quand on ne cherche plus les informations qu’on les trouve" ou "La villa, c’est l’idée que les âmes simples se font du luxe" ou encore "Il faut bien mourir quelque part". Et la fin, bâclée, pressée, arrive comme un cheveu sur la soupe : non pas inattendue mais déplacée. Lorsque la célérité s’associe au colmatage, Amélie déserte l’écriture littéraire pour investir une entreprise de maçonnerie.
    Le talent implique une responsabilité, celle d’en être à la hauteur. Marc Lévy n’a jamais écrit de bons livres, on ne peut, dés lors, lui en vouloir d’en écrire de mauvais. A contrario, ce genre de livre raté raisonne comme une insulte à la jeune carrière littéraire de la Nothomb. Autant de jeunes auteurs ou de brillants romans évincés des lumières de la rentrée littéraire par l’ombre englobante d’une notoriété en bleu de travail et en manque d’inspiration, c’est franchement accablant.

    La plupart des critiques encensent "le dernier Nothomb", décrivant son plat roman comme un chef-d'oeuvre d'incongruité. Des clous ! Des personnages d'une impalpabilité incroyable, dénués de toute personnalité, leurs réactions ne semblant dictées que par la volonté (ou l'absence d'inspiration) de l'auteur seule. L'intrigue capillotractée serait supposément propice aux thèmes de l'identité, du doute de soi, de l'unicité et du narcissisme. Thèmes à peine survolés tant l'auteur s'empresse de nous servir du Nothomb : nombreuses disgressions, souvenirs d'enfance et, bien sûr, références japonisées. Tomber dans la mascarade de la rentrée littéraire et dans la consommation compulsive de Nothomb a de quoi dégouter ses plus fervents lecteurs, dont je fais maheureusement partie.

    Le Fait du prince d'Amélie Nothomb

     

  • L'étrange disparition d'Esme Lennox, de Maggie O Farrell

    L'étrange disparition d'Esme Lennox, de Maggie O Farrell.JPGJ'ai une sainte horreur des drames psychologiques et encore plus lorsqu'ils sont enveloppés dans une chappe de best-seller du mois. Trop de France Loisirs dans ma jeunesse, de Reader Digest et de bibliobus du troisième âge. Mais il faut avouer que L'étrange disparition d'Esme Lennox a une belle tenue littéraire, en plus d'une couverture (merci Belfond) absolument impeccable. Son auteur est une jeune irlandaise de trente et quelques années, ancienne critique littéraire qui est passée au roman depuis 4 livres (en incluant celui-ci). Ses précédents ouvrages se sont plutôt bien vendus au point qu'elle figurait parmi les 25 Auteurs du futur recensés par la chaîne Waterstones, ce qui n'est pas une mince performance.

    Maggie O Farrell fait partie de ces écrivains anglo-saxons qui naviguent sur la crête du roman de gare, sans jamais tomber du mauvais côté de la rembarde. Ses héroïnes sont souvent féminines, ont des problèmes importants liés à des histoires de sororat, de famille ou autres, qui, d'ordinaire, ne sont pas trop à notre goût, mais qui, parce que leur présentation bénéficie d'une réelle mise en scène d'écriture, d'intrigue et de complexité psychologique, échappent à la banalité pour constituer de très bons bouquins.

    Mystérieuse folie

    Son Etrange disparition d'Esme Lennox réussit ainsi le joli coup d'être à la fois un roman médian pour lectrices de panel (on y aime, on y meurt, on y pense à soi) et un beau livre dramatique, complexe, bien écrit et réellement émouvant. L'histoire nous emmène au coeur d'une intrigue familiale : une jeune femme, Iris, bien dans son époque, dans son corps (elle couche avec un homme marié, travaille, etc) "hérite" assez curieusement d'une grande tante (la soeur de sa grand-mère) inconnue et qui, pour cause de fermeture, est mise à la porte de l'asile d'aliénés qui la "détenait prisonnière" depuis.... 60 ans.

    L'Esme du livre est donc cette vieille femme (76 ans et des poussières) qui réapparaît dans la vie de cette jeune femme avec son cortège de douleurs et ses douloureux secrets. La narration s'organise autour d'un triple fil plutôt bien conçu : d'un côté, Iris vit sa vie et la raconte (elle a un presque frère, un amant, un appart et maintenant cette vieille femme intrigante), la vieille femme se souvient et déballe ses secrets ; sa soeur (Kitty, hospitalisée et qui a perdu la boule sous le coup de la maladie d'Alzheimer) livre en parallèle sa vision tronquée des choses. La question à laquelle tout ce petit monde répond est simple : pourquoi diable Esme a-t-elle disparu pendant 60 ans alors qu'elle paraît tout à fait normale ? Qui l'a maintenu en situation d'internement pendant plus d'un demi-siècle ? On apprendra que la famille Lennox avait vécu un certain temps en Inde avant de revenir en Angleterre, que la jeune Esme avait de la liberté dans les idées (et dans le jupon), qu'un diabolique arrangement familial s'est fait sur son dos, la condamnant (gniark, gniark,...) à une peine d'emprisonnement sous camisole à vie....jusqu'au jour où....