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Lecture du livre : Les dames de nage – Bernard Giraudeau

Les dames de nage – Bernard Giraudeau.jpg Une leçon de vie sans morale à la fin, sans ambition d’être universel, sans autre vocation que celle d’expliquer, d’écrire et de parler au monde dans l’intimité d’un tracé d’encre : C’est un peu l’invitation au voyage d’un Bernard Giraudeau qui s’efface pour laisser parler son personnage dans « Les dames de nage », un roman des histoires tristes et des amours sans réponses.

Est-ce ce résumé un peu trop porté sur le marin qui erre de port en port, ou cette couverture où se languit une nudité à peine voilée ? Les dames de nage portent à confusion – Il n’en est rien. Ce qui est célébré ici n’est pas les amours d’un soir ou la beauté de la femme inaccessible, c’est la recherche de soi, du bonheur et les histoires tristes des gens qui vont et viennent, sans racines, ballottés dans la tempête de leur vie inégale – C’est l’amour des femmes, de tout âge, de toutes nationalités, de l’humanité aussi, comme des paysages et des contrées que l’on arpente, les yeux secs.

Le marin de cette histoire est chacun d’entre nous, celui qui se cherche et qui poursuit des chimères, des souvenirs, une odeur, le satin d’une peau – Et qui se perd à courir le monde à sa recherche. Touchant, fragile, aveugle aussi, il frôle les vies des autres et concentré sur leur histoire, cherchant à capter les mouvements de leur âme dans l’optique de la caméra qui le suit sans cesse et le précède même, cherche à leur trouver un sens. Pourtant, c’est une vie qu’il leur invente, un sens qu’il veut leur donner, comme il poursuit dans la poussière le mirage de se trouver lui-même.

Jo et l’Afrique, Amélie et l’Europe, Marcia et l’Amérique du Sud, Croyance, Mama, Camille, Marguerite… Des femmes et trois amis, Marc, personnage principal de cette aventure, Michel, qui s’oubliera par amour, et Diego le déraciné - Ils vont se réconforter, se soutenir, se comprendre, avancer… Et s’arrêter parfois, au bord de la route.

Les amours dans lesquels il se noie avec délice, les cheveux dans lesquels il glisse ses mains et son cœur qui s’attache parfois aux corps dans lesquels il s’emmêle font de Marc, ex-marin originaire de La Rochelle qui filme la vie qu’il n’a pas le temps de vivre, un personnage si proche et si intime qu’on se fond dans ces récits qui se suivent à la façon de nouvelles. L’Homme à la poursuite de lui-même y trouve quelques réponses, quelques sourires, quelques larmes aussi – Car la plume de Bernard Giraudeau est salée comme les pleurs, l’océan, et la sueur qui goute des corps alanguis.

Les dames de nage est un conte magnifique sur l’humanité, le désir et l’amour qu’un homme peut porter aux femmes, qui sont toute sa vie. Une invitation à la profondeur de l’être dans laquelle on aime à se noyer, à se laisser porter, à couler jusqu’au sol sablonneux des abysses de soi et des autres.

Les dames de nage, Bernard Giraudeau, p. , 17€ aux éditions Métailié (6,50 € en poche). Prix des lecteurs de l’Express, juillet 2007.

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