Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

iaboc

  • Noël et autres joyeuses trivialités du nouvel an

    Après la liste, les gros sous. N’allez pas croire que le Père Noël est désintéressé : Il est sponsorisé par des millions de parents qui prient tous pour qu’il se trompe dans le chèque qu’ils lui adressent en pense qu’il y a un zéro de plus – Accessoirement, maintenant que son fils a cafté, on sait aussi que ce mécénat lui sert à payer son adhésion au Rotary.

    Réfléchissons deux minutes. Le Père Noël donc reçoit un chèque, et entendant les prières des parents, rajoute un zéro. Qu’est-ce que ça donne quand un wagon zéro s’attache à une locomotive qui est, elle aussi, un zéro ? Et ben ça fait toujours zéro. Mouchoir.

    Il ne s’agit pas de déblatérer sur les habituels “Finis ton yaourt il y a des somaliens qui meurent de faim” ou “Mets tes chaussures il y a des afghans qui n’ont plus de jambes” et d’expliquer la vie à vos gamins de 3 ans, les yeux et la truffe humide devant un sapin vide. Ce serait inutile, voire complètement sadique.

    Il ne s’agit pas non plus de dévaliser la bourse aux jouets de Lille ou d’ailleurs en répétant à des gamins récupérant des peluches mal lavées que la récupération c’est bien, et c’est un concept écologique de base  . Surtout quand on prend la place de parents qui eux doivent garnir le bas d’un sapin rachitique avec des jeux de sociétés dont les cartes sont toutes cornées. Paquet de mouchoirs.
    Et puis ne soyez pas chiches non plus, les jouets neufs ça relance l’économie.

    D’accord. Trêve de cynisme. En cette période de l’année où l’on va commencer à apprécier les hurlements des mômes surexcités devant la moindre vitrine illuminée à leur juste valeur, je serai la première à me faire avoir. Et à donner toute ma monnaie à des tas de vendeurs de cartes de Noël moches que je n’enverrai jamais, au profit des unijambistes, des sclérosés en plaques et des enfants de cheminots.

    Les Pères Noël verts du Secours PopulaireIl y a aussi plein de choses que vous pouvez faire sans bouger de votre PC. Vous pouvez acheter de jolis jouets en bois pour favoriser l’artisanat local par exemple. Vous pouvez envoyer des ecards pour la nouvelle année. Vous pouvez participer au Noël éthique   aussi,ou aux Pères Noëls verts du Secours Populaire, . En cette période tout le monde y va de son coup de pouce, de son initiative et de son mécénat, ce ne sont pas les idées qui manquent.

    Vous pouvez aussi aller faire un tour sur Mon Beau Sapin, blog BD à l’initiative semble-t-il de Pénélope Jolicoeur (voir ses bookmarks , et d’Orange – Oui oui, le gros logo mécène en haut de la page ne laisse aucun doute à ce sujet – pour le compte de la Croix Rouge.  
    En somme ça revient pour Orange à donner des sous par pur altruisme à la Croix Rouge mais en passant par une opération sympa qui les fait mousser eux et l’illustratrice la plus plébiscitée du moment, certes – Mais il faut bien que tout le monde y trouve son compte, et la charité, et l’égo.

    D’accord je suis un peu jalouse de ne pas avoir de talent créatif qui puisse aussi être caritatif, c’est tout. J’avoue.

    Et puis si vous pensez ne pas pouvoir soulager votre conscience en ne vous fendant que d’un clic vers Mon Beau Sapin par jour et que vous souhaitez faire autre chose que de la charité virtuelle contre-productive, vous pouvez, de là-bas, faire directement un don à la Croix Rouge. Un vrai don qui ira de vous, pauvre inconnu solidaire, au pied du sapin chez une famille qui n’aura pas qu’une orange cette année.

     

     

  • Avis sur Moi, Anastasia d’Alona Kimhi

    Moi, Anastasia  d’Alona Kimhi.jpg Moi, Anastasia par Alona KimhiIl y a peu de livres que je déteste, ou qui m’agacent – Il y a par contre un style d’écrivain qui me file des boutons, et c’est exactement le créneau d’Alona Kimhi, auteur israëlienne née en Ukraine. Un style qui plaît, pourtant, puisque le magazine “Lire” l’a sélectionnée parmi les 50 écrivains « pour demain » - Explication vaguement sibylline qui ne veut rien dire autant qu’elle fait du flan, tiens ! Ca me rappelle quelque chose… Oui, son livre, exactement.

    “Moi, Anastasia” est en réalité un recueil de 4 longues nouvelles qui racontent une “tranche de vie” de 4 femmes, enfants ou jeunes filles, nées ou émigrées à Israël.

    Je ne suis pas adepte de ces nouvelles qui ne racontent que partiellement une histoire en insistant sur les pensées d’un seul personnage dans lequel on plonge, intimement, personnellement, dans les pensées plus que les actes. Non pas que l’exercice ne soit pas intéressant, mais il vire souvent au remplissage laconique et dramatique de pages à l’écriture hachée, réduite à la portion congrue, pour finir dans l’apothéose de l’onanisme littéraire moderne, celui qui se confond avec la psychologie de comptoir et les fantasmes pédophiles d’un Freud tout-puissant.


    Non parce qu’elle écrit mal, certainement pas, mais parce qu’elle se coule dans un moule d’histoires remuant le sordide et le glauque, comme s’il n’y avait que cela à raconter – comme si, finalement, il n’y avait que cela à vivre et que nous étions tous ainsi, malades, fragiles, menés à l’abattoir par notre propre existence, l’hérédité et le déterminisme de notre race, ou plutôt ici, d’une nation toute entière.

    Nous avons donc droit à :
    - La larguée,
    - La future violée,
    - La folle à lier,
    - La boulimique avariée.

    Quant à l’argument de la nationalité ? Il ne tient pas : On ne résume pas un peuple à 4 femmes, toutes différentes soient-elles, qui ne semblent souffrir que de complexes largement répandus dans les sociétés occidentales et les pays industrialisés - Problèmes de riches et prescription d’antidépresseurs, pour rester dans le ton et l’actualité.


    Il n’y a dans ces scénarios aucune originalité, aucun rebondissement, rien de novateur, pas un concept, pas un souffle d’air qui rafraîchisse une écriture consanguine, lue et relue, d’une navrante banalité. Le tout écrit dans un style convenu, sans intérêt, des pensées mises bout à bout sans grande recherche, comme un exercice imposé dans un cours de rattrapage au lycée : « Ecrivez à la manière de … ». A la manière de tout le monde, de ces romans qui plaisent, de ces histoires sordides, de ces films qui ne font pas rêver, et qui dépeignent un quotidien où l’on serait tous malheureux et bons à pendre – Comme s’il fallait chercher au fond de l’Homme toutes les raisons de le haïr, et de le détruire.

    C’est une conception de l’humanité que j’abhorre, et une littérature d’un ennui profond que je ne recommande pas.

     

    » “Moi, Anastasia” d’Alona Kimhi, traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, 256 p., 18€ aux éditions Gallimard.

  • Avis sur le livre : Devoir d’insolence , de Jean-Marie Rouart

    Devoir d’insolence Jean-Marie Rouart.jpg Un Académicien qui s’essaye au journal intime politique, ce n’est pas banal ; Surtout parce que l’on se rend soudainement compte que certains d’entre eux font totalement partie, comme nous, du monde des vivants – Et ne sont pas conservés dans le formol de leur nostalgie comme on se plait parfois à nous dire, façon discussion de comptoir entre un “il faut beau aujourd’hui” et deux “tous pourris“.

    Jean-Marie Rouart non seulement s’y essaye mais de surcroît, réussit avec brio son exercice d’humeurs quotidiennes dans un son livre au titre évocateur : “Devoir d’Insolence“. Un ouvrage entouré d’une papillote de libraire déclamant comme un poing levé « Une année de sarkozysme absolu ». Inquiète tout d’abord d’y trouver les aigreurs d’un ancien de la vieille droite appréciant peu d’être secoué par notre super-président, je dois avouer que j’ai commencé à tourner les premières pages avec circonspection… Pour immédiatement plonger avec délice dans ce bain d’observations pertinentes menées par un écrivain doué de capacités certaines en matière d’ethnologie sociale et politique française.

    « Devoir d’insolence » est une chronique à la fois enlevée et réfléchie d’un esthète qui a l’intelligence de savoir écrire sur tout, et d’une double manière qui montre toute la sagesse d’une maturité éclairée : Des notes plutôt courtes rédigées sur le vif, mais où l’on ressent la profondeur de celui qui aime à réfléchir sur tout, et tout le temps, et dont le jugement ne souffre pas des paradoxes si chers à notre Intelligentsia actuelle.

     

    De Septembre 2007 à Mars 2008, Jean-Marie Rouart brosse le portrait d’une actualité française sous la coupe de la politique, où l’on ne cessera de voir apparaître dans toutes les polémiques, les débats et les nouvelles du jour l’ombre de Nicolas Sarkozy. Parfois avec mordant, parfois avec ironie, souvent avec calme et sans précipitation, on ne peut s’empêcher d’adhérer aux pensées de cet Académicien qui plonge sa verve sans réserve dans l’acide et le sucré-salé.

    Des moments de bonheur, « Devoir d’insolence » en est truffé. Dix fois, j’ai dû m’arrêter de lire pour rire de bon cœur et surtout lire à voix haute des passages irrésistibles à toux ceux qui m’entouraient. Menée par une écriture pure et jetée sans lourdeur aucune, cette chronique de la France nous mène des paradoxes de notre temps aux tragédies quotidiennes. Et partout, on se souvient de ces moments, de ces journées, de toute cette actualité qui nous revient soudain en mémoire avec clarté.

    Jean-Marie Rouart réussit l’exploit de faire un travail d’historien dans un passé-présent où l’on retrouve à la fois la vivacité d’un homme d’esprit habitué à la politique sans verser dans la langue de bois, et l’émotion de l’écrivain touché en plein cœur par tous les petits incidents de parcours d’un peuple qui lui est cher. Un ouvrage personnel certes mais dans lequel on se retrouve tous, et où l’on retrouve tous les petits moments et les sentiments qui nous ont agités à chaque fois que l’Académicien a pris sa plume.